La voyante, 45,71x26,46 cm, 2013.
Les cités de banlieue forment un sujet de société en débat
de manière si récurrente qu’il peut sembler presque banal, néanmoins, sa
fréquente mise en discussion ne semble pas parvenir à obtenir de changement
réel de la situation et, au contraire, alimente souvent des clichés sur
certaine tranches de la population qui ne facilitent pas leur intégration. En
effet, les mêmes stéréotypes sont incessamment propagés par la
surreprésentation de multiples faits divers relayés par les médias, employés
comme argument dans les discours politiques et mis en scène dans des fictions,
des reportages, des documentaires. Ainsi, le cadre de la cité de banlieue, en
particulier la nuit, évoque un imaginaire inquiétant. Néanmoins cette image
négative peut et doit être nuancée et le biais la photo peut se faire le
support d’un autre regard. Ce médium permet de saisir les non-dits et les
tensions sous-jacentes, de symboliser des situations, de traduire un événement
ou même une époque par la mise en scène d’un instant.
Les photos en noir et
blanc ou en couleur de la Dramstars traduisent un recul intéressant sur les
scènes de banlieue et entretiennent un lien étroit avec l’identité et la
mémoire. Réalisées dans une démarche à la fois analytique, documentaire et
artistique, elles questionnent les stéréotypes associés aux banlieues et
présentent aussi bien la vie foisonnante qui s’y déroule en journée que le vide
de ses rues la nuit. Tour à tour frappantes, touchantes ou intrigantes, ces
photographies offrent un point de vue unique sur la cité.
Banlieue.... En caisse, 45,86x25,08 cm, 2013.
Le quartier a des yeux, 46,08x30,72 cm, 2013.
Qu’est ce qui vous a poussé vers la photographie ?
La photo possède un pouvoir de transmission très important. Avec
le temps et la généralisation des appareils photos de bonne qualité sur les
téléphones portables, le plaisir de saisir des instants a surpassé mon besoin
de transmettre. Cependant, si j’ai toujours été intéressé par la photo, ce sont
mes proches qui m’ont poussé à devenir professionnel et à acheter mon premier
appareil photo digne de ce nom en 2011. J’ai ensuite cherché à obtenir des
critiques de professionnels pour avancer et j’ai présenté mon travail à
différents centres culturels, notamment un centre de formation où j’ai pu
participer à la création d’un livre avec d’autres photographes professionnels :
la femme plurielle, à tort et à corps.
Asseyons nous..., 40,96x30,72 cm, 2012.
La princesses du ghetto, 26,25x40,41 cm, 2013.
Quelles sont vos principales techniques ?
Je suis encore entrain de perfectionner la technique
argentique pour les photos de jour, en général j'emploie la
technique numérique, surtout pour les photos de nuit. Je travaille principalement à la
pause longue, avec un mouvement du modèle ; cela créé un effet de flouté
exprimant le mouvement, qui s’oppose à l’aspect hiératique du béton et de la
ferraille. J’emploie également différents effet pour des rendus sépias,
bleutés ou anciens.
Désolation, 46,03x30,79 cm, 2014.
CDPDV, 44,40x27,28 cm, 2013.
Banlieue la chapelle Paris I, 39,98x21,38 cm, prise en 2012.
Comment en êtes vous venu à photographier les cités de
banlieue ?
Je montre ce que je
connais. Je suis issu de la banlieue et le plus souvent je connais bien les
gens que je photographie. Je veux mettre en lumière la pluralité des identités
de la banlieue, aussi bien la solitude qui y règne la nuit que la vie
fourmillante qui y suivait son train quelques heures auparavant. Il est
important de briser le reflet déformé de la banlieue qui « fait
peur », qui est encore souvent présent dans les esprits, en présentant des
témoignages réels de la vie dans les cités et en humanisant les personnes qui y
vivent. Les photos permettent de créer un discours sociologique par le biais du
visuel et de briser les stéréotypes en montrant des moments uniques.
Sans titre 5, 46,08x30,72 cm, 2013.
Tâche, 2013, 44,87x26,34 cm.
Le travail photographique de la DramStars, à la fois artistique
et social, propose une vision personnelle et percutante du rythme routinier de
la vie de banlieue vue de l’intérieur et comporte un intérêt sociologique et
esthétique frappant. J’invite le lecteur à se rendre sur sa page web afin d’en
découvrir d’avantage sur son travail: