Pierre-Olivier Cappello est un artiste sculpteur sur pierre,
originaire de Picardie, qui réalise des structures abstraites élancées, d’une
matière parfaitement lisse, dont les lignes contrastées créent de saisissants
effets d’ombres et de lumière. La majeure partie de ses sculptures sont
réalisées en « fine de Noyant », pierre dure typique de la région
picarde : « j’ai la chance d’avoir accès aux chutes de tailles d’une
carrière où je suis autorisé à me servir librement, j’ai donc accès à un stock
de 55000 mètres cubes de pierres de tous formats. A l’aide de ma gradine, ma
gouge, ma râpe et surtout de ma massette, que je considère presque comme le
prolongement de ma main, je m’efforce de réaliser des structures nettes et
esthétiques ». Le dynamisme flamboyant de ces sculptures réside dans ce
jeu de contrastes de formes creuses ou saillantes, rondes ou angulaires, qui
valorisent l’aspect poli de la pierre blanche, difficilement reconnaissable. Celle-ci
voit sa matière entièrement contrôlée par l’artiste, qui s’approprie et modèle
sa texture à son gré, dans une totale maîtrise technique.
Pierre-Olivier Cappello
affirme avec humour avoir toujours été fasciné par les pierres :
« Enfant, tailler des silex était pour moi une obsession », néanmoins
c’est durant sa formation de préparation aux beaux-arts, qu’il suit à Saint Quentin,
que se déclenche sa passion pour la sculpture sur pierre : « Devant
les outils et la pierre je me suis tout de suite senti à ma place, dans mon élément
naturel ». Il passe alors une année
de compagnonnage à apprendre les rudiments de la taille de pierre, notamment
auprès de la fédération compagnonnique des métiers du bâtiment de Soissons. C’est
au cours de cette année qu’il apprend à dompter la pierre en forgeant sa
maîtrise technique dans la plus grande minutie : « J’accorde
beaucoup d’importance aux finitions. Je cherche à présenter une surface lisse à
l’aspect achevé, qui ne laisse voir aucune trace du travail effectué ».
Ses premières œuvres, très techniques et complexes, évoquent
des dentelles de pierres. Puis, au fil des années, Pierre-Olivier Cappello valorise
davantage les structures et opère un processus d’épuration des formes : « Je
tends maintenant vers le plus simple, le plus direct. Il n’y a pas de hasard
dans l’aspect final de mes sculptures, j’ai une vision précise du modèle en
tête. Je transcris dans la pierre une image mentale tout à fait précise,
que je dessine de manière schématique en une aberration de la forme pour n’en
garder que l’essentiel. Je garde tous ces dessins dans des carnets, ce qui me
permet de suivre l’évolution de mon travail dans le temps et de prendre du
recul sur le cheminement de ce processus».
Lorsqu’on porte un regard global sur le travail de
Pierre-Olivier Cappello, la grande diversité des formes qu’il produit
interpelle. Il est difficile de repérer des thèmes ou des motifs récurrents,
des séries ou même de réaliser un examen stylistique. Cet aspect insaisissable
est encore exacerbé par l’absence de titres, qui laisse le spectateur
entièrement libre de l’interprétation qu’il veut associer à
l’œuvre : « J’ai choisi de ne donner aucun titre à mes
sculptures afin de laisser le spectateur extrapoler le fruit de mes images
mentales et que chacun puisse y voir sa propre symbolique. Cependant, deux
pièces font exception : je les ai réalisées successivement pour la naissance de
mon fils et de ma fille ; d’abord ‘ Bienvenue à Elliott ‘, que
j’ai présentée à ma première exposition personnelle, un an après sa naissance,
et ‘ Pour Nina ‘, qui n’est pas encore achevée. »
La cohérence du
travail de l’artiste ne se limite cependant pas au support de la pierre et on
décèle un axe directeur de recherche autour du rythme et de l’harmonie des lignes.
« Je cherche à constamment renouveler les formes que j’exploite, néanmoins
mon travail s’oriente à partir de trois axes différents : l’esthétique,
l’équilibre et la proportion. » Si les sculptures de Pierre-Olivier Cappello
sont toujours abstraites, elles présentent parfois, à la manière d’Henry Moore,
des lignes évoquant des corps, des fétiches, des totems ou encore des éléments
architecturaux: « Je m’inspire de manière suggestive de plusieurs thèmes,
en particulier du corps humain, aussi bien féminin que masculin, et j’essaye de
cristalliser mon regard sur la courbe et son esthétisme dans mes œuvres ».
L’éclairage de l’oeuvre possède, à n’en pas douter, une grande
importance pour l’artiste, qui met souvent en scène ses sculptures sur un fond
noir, dans une semi-clarté, de manière à révéler pleinement leurs reliefs. Parfois,
il va jusqu’à intègrer la source de lumière à ses oeuvres en réalisant des
lampes de pierre dont les formes se dynamisent une fois l’ampoule
allumée : « Je considère que forme et lumière s’additionnent, je
travaille toujours dans une semi lumière, car la pleine luminosité écrase les
volumes. Au contraire, la lumière tamisée révèle l’absence d’aspérités de la matière,
ce qui possède une grande importance à mes yeux : pour que je sois
satisfait d’une œuvre, le travail de ponçage est presque plus important que
celui du taillage. Quand je réalise une lampe, je cherche à la fois à créer une
œuvre d’art et de design, il s’agit d’un détournement de l’objet pratique,
d’une exploitation de la portée esthétique de sa fonctionnalité, à savoir
l’éclairage».
Les sculptures abstraites de Pierre-Olivier Cappello combinent
des formes élégantes et dynamiques à des jeux de lumière sur la matière lisse
et mate de la pierre picarde. Le résultat, particulièrement esthétique, dégage
un aspect mystérieux, insaisissable, qui stimule l’imagination du spectateur,
intrigué par l’absence de titre pour diriger son interprétation. J’engage
vivement le lecteur à se renseigner davantage sur le travail de Pierre Olivier
Cappello en se rendant sur les pages suivantes :
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