Les œuvres d’Alexandru Racu, d’un
réalisme troublant, sont pour la plupart des portraits d’icônes pop,
réalisés de manière quasi photographique et plus ou moins stylisée. Ces
toiles interpellent l’œil et soulèvent des questions identitaires
intéressantes. La subtile maîtrise des couleurs, qui passent des tons
les plus réalistes aux plus psychédéliques, est tout à fait fascinante
et hypnotise le spectateur.
Né le 29 mai 1989 en Roumanie, Alexandru
Racu étudie actuellement la peinture à l’Université George Enescu des
Arts Visuels et du Design à Iasi. Son travail de rénovation de l’Art Pop
par l’usage de l’ultra-réalisme constitue l’essentiel du projet de
validation de sa thèse de Master (obtenu en 2012), intitulée Pop icons.
Ainsi, il cristallise et accentue, à travers des exemples remarquables
du phénomène Pop -icon , l’effet de la culture Pop sur la conscience
humaine contemporaine et le statut de la superstar au XXI e siècle.
Particulièrement inspiré par ce « New
Pop Art » il a choisi de poursuivre ses recherches visuelles dans ce
sens autour d’un projet intitulé « Pop Culture Condensed ». Son intérêt
pour la Pop Culture réside dans son public. En effet c’est un art
destiné aux masses ; or, il lui est apparu naturel de parodier un aspect
culturel moderne populaire aussi assimilable au kitsch, à la sexualité
et aux excès des célébrités.
Il est tentant de rapprocher le travail
d’Alexandru Racu des concepts d’Andy Warhol. L’artiste l’a d’ailleurs
parodié en réalisant de manière hyper-réaliste une boîte de soupe en
conserve sur laquelle sont inscrits les mots « pop icons » et «
condensed » ainsi que d’innombrables noms de célébrités réels ou
fictifs. L’assimilation de ces termes est une critique symbolique de
l’influence négative de la Pop culture qui uniformise le monde de l’Art.
Ses peintures sont à la fois directement liées à l’influence de la
pop culture issue des superstars et aux personnes « normales » qui les
suivent; en somme il s’agit d’une critique de la manipulation des goûts
et des consciences.
L’artiste affirme que le monde actuel,
dans lequel nous suivons ou soutenons des mécanismes culturels tels que
l’idolâtrie des célébrités est Pop par essence. Cependant, il ne prétend
pas échapper à cette idolâtrie et reconnait par exemple être fasciné
par le travail de Gottfried Helnwein, artiste d’origine autrichienne,
connu plus spécifiquement comme le photographe des stars de rock dans
les années 70-80 et pour ses photographies digitales et ses
installations depuis les années 90. Alexandru Racu a notamment reproduit
une de ses photographies, Modern Sleep III :
Alexandru Racu soutien qu’il trouve son
inspiration dans les choses artificielles et délaisse l’exploitation de
la nature, sujet qu’il juge trop traité. Néanmoins son travail soulève
des interrogations très concrètes sur la nature humaine en questionnant
le besoin de mise en scène du corps de manière artificielle pour accéder
à un rang supérieur. Cela me parait dépasser la seule pop-culture et il
me semble que le fait de montrer un corps modifié de manière
artificielle (par le vêtement, le maquillage, la coiffure, la parure,
l’épilation, le tatouage, le piercing, la chirurgie esthétique ou encore
la scarification rituelle, etc.) pour se distinguer du reste de ses
congénères en étant plus remarquable est un élément anthropologique,
récurrent dans toute les sociétés humaines. Mais après tout la société
et la beauté sont également des créations humaines abstraites et
peut-être aussi peut-on juger qu’elles sont artificielles.
Quoi qu’il en soit ce travail représente
un véritable intérêt aussi bien dans sa réalisation plastique
impeccable, expressive et subtile que dans le brillant discours
explicatif de l’artiste et sa critique sociétale.
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