14/09/2014

Alexandru Racu, le new Pop Art






























« Self Three Self Portrait with hands », oil on canvas 100×120 cm

Les œuvres d’Alexandru Racu, d’un réalisme troublant, sont pour la plupart des portraits d’icônes pop, réalisés de manière quasi photographique et plus ou moins stylisée. Ces toiles interpellent l’œil et soulèvent des questions identitaires intéressantes. La subtile maîtrise des couleurs, qui passent des tons les plus réalistes aux plus psychédéliques, est tout à fait fascinante et hypnotise le spectateur.

























« Fame Effect » 2012, oil on canvas 120x120cm

Né le 29 mai 1989 en Roumanie, Alexandru Racu étudie actuellement la peinture à l’Université George Enescu des Arts Visuels et du Design à Iasi. Son travail de rénovation de l’Art Pop par l’usage de l’ultra-réalisme constitue l’essentiel du projet de validation de sa thèse de Master (obtenu en 2012), intitulée Pop icons. Ainsi, il cristallise et accentue, à travers des exemples remarquables du phénomène Pop -icon , l’effet de la culture Pop sur la conscience humaine contemporaine et le statut de la superstar au XXI e siècle.



































« MDNA », oil on canvas 100x120cm

Particulièrement inspiré par ce « New Pop Art » il a choisi de poursuivre ses recherches visuelles dans ce sens autour d’un projet intitulé « Pop Culture Condensed ». Son intérêt pour la Pop Culture réside dans son public. En effet c’est un art destiné aux masses ; or, il lui est apparu naturel de parodier un aspect culturel moderne populaire aussi assimilable au kitsch, à la sexualité et aux excès des célébrités.



































« M.M. look », Oil on canvas 70×70 cm

Il est tentant de rapprocher le travail d’Alexandru Racu des concepts d’Andy Warhol. L’artiste l’a d’ailleurs parodié en réalisant de manière hyper-réaliste une boîte de soupe en conserve sur laquelle sont inscrits les mots « pop icons » et « condensed » ainsi que d’innombrables noms de célébrités réels ou fictifs. L’assimilation de ces termes est une critique symbolique de l’influence négative de la Pop culture qui uniformise le monde de l’Art.



































« PopIcons Condensed », oil on canvas 100x120cm

Ses peintures sont à la fois directement liées à l’influence de la pop culture issue des superstars et aux personnes « normales » qui les suivent; en somme il s’agit d’une critique de la manipulation des goûts et des consciences.



































 « The Fame » (2013), oil and acrylic on canvas 100×70 cm

L’artiste affirme que le monde actuel, dans lequel nous suivons ou soutenons des mécanismes culturels tels que l’idolâtrie des célébrités est Pop par essence. Cependant, il ne prétend pas échapper à cette idolâtrie et reconnait par exemple être fasciné par le travail de Gottfried Helnwein, artiste d’origine autrichienne, connu plus spécifiquement comme le photographe des stars de rock dans les années 70-80 et pour ses photographies digitales et ses installations depuis les années 90. Alexandru Racu a notamment reproduit une de ses photographies, Modern Sleep III :



































Oil on canvas 43×55 cm , d’après Modern Sleep 3 de Gottfried Helnwein




































« Modern sleep III », Gottfried Helnwein, 2004, photographie

Alexandru Racu soutien qu’il trouve son inspiration dans les choses artificielles et délaisse l’exploitation de la nature, sujet qu’il juge trop traité. Néanmoins son travail soulève des interrogations très concrètes sur la nature humaine en questionnant le besoin de mise en scène du corps de manière artificielle pour accéder à un rang supérieur. Cela me parait dépasser la seule pop-culture et il me semble que le fait de montrer un corps modifié de manière artificielle (par le vêtement, le maquillage, la coiffure, la parure, l’épilation, le tatouage, le piercing, la chirurgie esthétique ou encore la scarification rituelle, etc.) pour se distinguer du reste de ses congénères en étant plus remarquable est un élément anthropologique, récurrent dans toute les sociétés humaines. Mais après tout la société et la beauté sont également des créations humaines abstraites et peut-être aussi peut-on juger qu’elles sont artificielles.



































« Beautiful End », Oil on canvas, 80×80 cm

Quoi qu’il en soit ce travail représente un véritable intérêt aussi bien dans sa réalisation plastique impeccable, expressive et subtile que dans le brillant discours explicatif de l’artiste et sa critique sociétale.




Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire