14/09/2014

Judith Braun, de l'empreinte digitale au dessin

Les dessins faits par le mouvement des doigts couverts de poudre de Judith Braun révèlent un univers visuel percutant et graphique, tout à fait personnel. Par l’emploi de la symétrie, l’artiste fait naître un art abstrait et suggestif particulièrement dynamique grâce à des gestes précis et maîtrisés sur différentes surfaces, dont elle exploite les spécificités. Parfaitement ambidextre, Judith Braun possède en effet une perception remarquable de l’espace et réalise ses dessins sans tracé préalable.

 
Diamond dust au Chrysler Museum of Art, Norfolk, VA, février 2012-janvier 2013


Née à Albany (New York), en 1947, Judith Ann Braun (connue comme Judith Weinperson de 1989-1995) vit et travaille à New York. Sa très prolifique carrière débute dans les années 80, moment où l’artiste commence comme peintre de figures réaliste, aspirant à peindre la peau translucide et les royaumes invisibles. Ensuite, elle s’engage dans un travail identitaire sur des questions raciales et sexuelles, notamment au sein du célèbre groupe Material, une association d’artiste New Yorkais qui a organisé plus de 50 expositions. Puis, Judith se retire du monde artistique durant plusieurs années pour des raisons personnelles, avant d’être animée d’un nouvel élan créatif en 2003.


FINGERING #4, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 10’x15′ ft, 2010 « Eternal Returns », NURTUREart, NYC


Elle commence alors le projet de dessin actuellement en cours : « Procédures symétriques », et, en 2004, fait une nouvelle entrée dans le monde de l’art en présentant ce travail. Ces dessins sont néanmoins directement connectés à tout son travail précédent à la fois par l’insinuation sexuelle derrière les titres mais aussi par l’usage de l’identité que symbolise l’empreinte digitale, l’emploi de la symétrie et de la reproduction qui rappellent son travail en tant que peintre réaliste.


FINGERING #5, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 9’x16′ ft, 2010, DUVE Berlin, Berlin, Allemagne. Retrospective of Fruit and Flower Deli.


Sa technique consiste à frotter ses doigts dans de la poudre de charbon de bois et d’explorer les possibilités de pression, de densité, de geste et de motifs, qui sont infinies. Si elle emploie des gestes simples et naturels, l’artiste offre de surprenants résultats visuels. La simplicité des moyens et l’immédiateté du processus sont à la fois spontanées et réfléchis. Néanmoins, l’artiste est consciente que cette technique ne lui est pas propre (voir Heather Hansen), c’est pourquoi elle laisse une attention particulière aux motifs abstraits qu’elle emploie.




FINGERING #3, dessin à la craie banche avec les doigts sur un mur, 12’x11′ ft, 2009, Spattered Columns, NYC


L’artiste conçoit différemment ses œuvres d’un mur à l’autre. Chacune représente à ses yeux un site spécifique, dont l’emplacement et le contexte ont une influence sur l’œuvre finale et auxquels elle adapte certains motifs ou formes de dessins précédents. Elle désire faire ainsi évoluer son travail, tout en conservant les bases de leur mode de fabrication. Ses dessins forment donc un tout achevé, où ses différentes œuvres s’influencent entre elles.



FINGERING #10, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 10’x12′ ft, 2012, « Pressing Matter », Parallel Art Space, NYC


Autour d’une même technique, l’artiste renouvelle des formes, des motifs et des mouvements précis. Elle compare cela à l’accumulation de molécules et d’atomes, à un niveau microscopique, qui, en s’unissant dans certaines formes modèles, créent le monde. En effet, l’un des intérêts principaux de Judith Braun est la façon dont les modèles esthétiques sont formés à partir de l’aléatoire. La symétrie est partout, dans les mathématiques, les sciences et la nature. A partir de cette observation elle a utilisé la symétrie naturelle de son corps pour créer d’autres symétries à partir de créations mentales.


 
FINGERING #8, dessin au charbon avec les doigts sur un mur, 8’x8’x2′ ft, 2012



 
Lemon Fingers, dessin sur un panneau de bois peint en noir fait aux doigts avec de la poudre de pastel, 12″x12″ft, 2010


Les dessins de Judith Braun montrent une maîtrise exceptionnelle de l’espace et du mouvement. Ces aspects sont également propres à certains sports et l’artiste a ainsi conçu le design des planches de Snowboard utilisées par l’équipe olympique féminine des Etats-Unis à Sotchi, ici nous pouvons notamment voir la planche de Kelly Clark :


En effet, la manière de dessiner de Judith Braun ressemble presque à de la danse (à la manière de Jackson Pollock) et il est absolument fascinant de la regarder travailler:


Enfin, je vous recommande vivement de vous rendre sur sa page web où elle présente la totalité de son travail mais aussi son évolution artistique, notamment par de courtes vidéos assez ludiques : 




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